Sous les ailes de freyja

Freyja, par John Bauer

Bon.

J ‘ai préféré attendre un peu avant d ‘aborder le sujet. Déjà parce que c ‘est compliqué de parler de sa relation aux divinités, ensuite parce que l ‘image que l’on se fait de la divinité est souvent très personnelle, c ‘est souvent une mosaïque de ressentis, d’expériences, de lectures sur le sujet, de connections qu’on peut faire souvent d ‘une façon très intuitive: il est donc très probable que le tableau que je vais vous en brosser et les conclusions que je vais tirer ne sortirons pas texto des écrits de références (aka les sagas et eddas, CQFD, Régis boyer je t ‘aime, cœur sur toi) Ce sont des perceptions qui seront très largement discutables, probablement réfutables, et surtout, elles sont en constante évolution et seront très probablement complétées/ infirmées durant les années qui suivront, à mesure que j ‘apprendrai à mieux connaître la Dame.

Alors que dire. Déjà que je ne m’attendais pas du tout, mais alors DU TOUT à bosser avec Freyja. D ‘aussi longtemps que je me rappelle, j ‘ai surtout bossé avec des divinités masculines, exception faite d’Athéna, et Kali. Le féminin sacré, je m ‘en tamponne le coquillard, c ‘est un concept qui m ‘a toujours apparut être aussi fumeux que le dieu et la dame en wicca. (N ‘en déplaise aux wiccans traditionalistes, je n ‘ai jamais réussit à ressentir leur présence, ou leur énergie. Pour moi ce sont plus des concepts ou des archétypes que des dieux) J ‘ai toujours vécu ma vie sans trop faire attention à cette distinction entre masculin et féminin, si j ‘avais envie de faire du foot bin j ‘y allais, je n’aimais ni barbies ni les poupons ni le rose (et ça depuis toute petite!) donc je jouais aux kaplas et aux légos, à la cour de récréation je faisais la course avec les mecs quand je ne dessinais pas des licornes à la craie sur le sol de la cour. (les barbies non, mais les licornes OUI!)

Là où ça s ‘est corsé, c ‘est quand je me suis mise en couple. Déjà parce que j ‘ai découvert la vulnérabilité du corps (et de l ‘esprit qui va avec), et les failles que révèlent le fait d ‘être si proche d’une autre personne: peur du rejet et de l ‘abandon, sensation de ne jamais être assez , doutes, incertitudes, remises en questions.. J ‘ai vécu seule de nombreuses années, et c ‘est toujours un état avec lequel j ‘ai été confortable, j ‘aime me balader seule, lire seule, faire de la musique seule…. j ‘ai vécu la mise en couple comme une agression (oui , aussi, je me trimballe avec une anxiété sociale dévorante qui me fait perdre tous mes moyens en public, non ça n ‘aide pas) , j ‘ai été obligée de repenser toutes mes barrières sociales et psychologiques: le couple est une danse ou l ‘équilibre est si facilement brisé, on peut facilement se mettre de côté pour plaire à l ‘autre, ou au contraire le rendre responsable de notre mal être, et la frustration accumulée peut vite être intolérable.

Et pour moi qui ai déjà beaucoup de mal à gérer ces barrières dans la vie de tous les jours, se retrouver avec une présence permanente dans mon environnement avait quelque chose de terrifiant : je n ‘arrivais jamais à m’apaiser complètement s ‘il y avait quelqu ‘un dans mon espace proche, et je ne retrouvais ces états de douce plénitude que lorsque j ‘étais entièrement seule.

Le travail a donc été… compliqué. Ça a été long, chiant, éreintant, mais je me suis obstinée. Car au delà du couple il y avait une dimension que je tenais absolument à atteindre, qui était celle de la communication humaine.

Car parler dans ma tête, ça y ‘avait aucun problème, mais à cause de cette & »($^*ù!°§ d ‘anxiété sociale, chaque interaction avec un humain de chair et de sang devenait un calvaire et me vidait de toute mon énergie. Et que j ‘en avais juste raz la casquette de voir cette chose me limiter, comme une chape de plomb que je me trimballais depuis la naissance. J ‘ai donc essayé, encore et encore, je me suis loupée un nombre incroyable de fois, et surtout je craquais quand c ‘était trop dur; et c ‘est lors de l ‘un de ces craquages que j ‘ai appelé plusieurs dieux , un peu au pif, quelqu ‘un, je vous en prie, qui pourrait m ‘aider, parce que là j ‘en peux plus, c ‘est trop dur, j ‘y comprends rien et j ‘y arrive pas.

Et bizarrement (oui, j ‘en reviens toujours pas), c ‘est freyja qui à répondu à l ‘appel.

La Dame. Avec laquelle j ‘ai tout d ‘abord redécouvert un des fondamentaux, la bien nommée PURIFICATION -faire un nettoyage spirituel, comme on fait le ménage chez soi: car la poussière mentale s’accumule tout autant que celle sur vos meubles. Pour moi ce qui fonctionne le mieux ce sont les mantras, mais à vous de voir ce qui vous convient!

Une fois que le travail de nettoyage était en cours, je pouvais prendre le temps de comprendre freyja un peu plus en profondeur; j ‘en avais une image pas spécialement positive au départ, comme d ‘une déesse un poil volage, qui aurait couché avec des nains pour un collier et qui n ‘était pas particulièrement pro-active dans les Eddas, à la différence d ‘Odin, qui va quand même sacrifier son oeil pour boire dans le puits de la sagesse, se pendre pour accéder aux runes et voyager à droite à gauche pour satisfaire sa soif de connaissance.

Sauf que. Je me suis posée la question de l ‘invisibilisation des femmes dans la littérature, et du type de connaissance véhiculé. Les Eddas ont été écrites par des hommes, et la religion chrétienne était déjà passée par là. Il y a eu donc très probablement des biais dans les faits relatés , certains ont été mis en lumière, d ‘autres effacés, certains modifiés. Odin est sensé avoir été l ‘auteur du Havamal, texte magico-pratique , mais pas grand chose sur freyja, si ce n ‘est ses colères lorsqu’on lui propose de la marier avec un géant (sur ce coup-ci Thor, tu t ‘attendais à quoi??) , sa cape de plumes qu ‘elle prête à Loki lorsqu ‘il va chercher Idunn, le fait qu ‘elle récupère la moitié des morts sur le champs de bataille, et le fait qu ‘elle soit celle qui aie appris le Seidr à Odin. On ne la voit jamais utiliser sa cape (fjaðrhamr), mais on sait qu ‘elle permet de se changer en faucon; on peut donc penser que tout comme Odin, elle est capable de changer de peau.

Les zones d ‘ombres sur les attributs et les fonctions de Freyja sont extrêmement intéressants. Il est pour moi plus facile de les comprendre intuitivement que de les définir, car ils sont liés au monde de la sensation, du cycle mort/vie, de la vibration et de la circulation. Ils sont la hamingja, le potentiel de chance, ils sont les disirs, les esprits familiaux, et les landvaettir, les esprits du sol. Ceux qui connectent le vivant en une grande toile, et qui en garantissent l ‘équilibre. Ils sont liés au temps, à ce qui pousse et ce qui meurt, ils sont liés aux nornes, au fait de tisser le fil et de le couper. Ils sont liés au don, car le don permet la circulation de l ‘énergie, ils sont liés a la générosité qui entraine la richesse. Et ils sont aussi probablement liés au mystère, au tabou qui renforce le pouvoir: le seidr était probablement une pratique d ‘initié, qui se transmettait de femme à femme, et qui pourrait être liée à des pratiques chamaniques Sames (on sait que les scandinaves ont eu pas mal de contact avec les peuples lapons) ; on a très peu de textes sur la question si ce n ‘est dans la saga d ‘Erik le rouge; et je pense qu ‘on a plus de chances de comprendre le seidr en tapant du côté de ce qu ‘on sait aujourd’hui des pratiques chamaniques sibériennes qu’en se fiant aux seuls textes scandinaves (je me lis actuellement le très bon bouquin de charles stepanoff « voyager dans l ‘invisible« , j’espère y trouver quelques pistes)

Freyja est une déesse qui n ‘est pas du tout directrice dans ses attentes. Elle te laisse le loisir d ‘expérimenter les options, de les vivre pour en comprendre l ‘essence, c’est la connaissance du cœur, celle qui te permet de faire le tri entre ce qui est bon pour toi et ce qui ne l ‘est pas, ce qui profite à toi et à ta communauté.

Je n ‘ai pas pour l’instant beaucoup travaillé sur ses aspects disons » magiques » , ni sur l’aspect psychopompe, mais j ‘imagine que ça viendra en temps et en heure. J ‘ai beau connaître les aspects disons « théoriques  » de la question (le fait qu ‘elle choisisse les âmes des morts , Fólkvangr, son valholl à elle ; son éventuel lien avec des valkyries qui me semble j ‘avoue un poil fumeux), je n ‘ai pas encore saisit viscéralement ce qu ‘il en retourne: je le comprends intellectuellement, mais non physiquement, comme une formule mathématique que je ne saurais ni appliquer, ni remanier.

Il me reste encore pas mal de chemin à faire, et j ‘avoue que pour l’instant, c ‘est un vrai plaisir!

Peut-on se faire « larguer » par des dieux ou entités?

Spoiler alert: oui. Et ça fait mal.

On parle souvent d’Imbolc comme d ‘un sabbat propice à la purification, au « ménage de printemps », le moment de faire le tri à la sortie de l ‘hiver pour laisser de l’espace disponible à la germination de nouveaux projets et idées; il s ‘avère que cette année le ménage s ‘est fait surtout au niveau …spirituel. L’hiver est en général un temps de dormance, ou je digère tous les évènements de l ‘année, ou je me replie pour laisser décanter afin d’avoir de l ‘eau fraiche et du limon pour les crues du printemps plutôt que les coulées de boue; car si on ne prends pas ce temps, c ‘est lui qui nous prend en retour (vous avez remarqué que c ‘est toujours aux alentours de noel/ nouvel an que les accidents/maladies s ‘enchaînent? )

Imbolc est du coup un sabbat très important pour moi, un des seuls que je fête régulièrement, avec samhain , yule et beltaine; il est ce moment sacré ou j ‘introduis de nouveau l ‘étincelle dans mon existence qui mènera à l’émergence des projets futurs, ou je précise mes intentions et ou je me débarasse de toutes les scories laissées par l’hiver. J ‘en ai donc profité pour faire le point sur ma relation avec une de mes déités patronnes.

J’avais décidé de lui dédier un peu plus de temps, me rendant bien compte que je l’avais un peu délaissé ces derniers temps. Et pourtant, je lui voue une affection toute particulière, c ‘est une des divinités avec lesquelles je travaille depuis très longtemps, depuis le début, presque. Le genre de dieu que tu penses accompagner ta vie durant. Je décide donc d ‘effectuer quelques petites choses pour renouer le contact, m’essayer à la confection d ‘un parfum pour l’honorer, et puis aussi lui demander quelques nouvelles grâce un tirage (parce qu ‘il faut bien l ‘avouer, je suis un peu une triple buse pour ce qui est de recevoir des messages « directs », j ‘ai l’impression d ‘être devenue un peu plus imperméable avec le temps, mais je pense que ce sujet fera l ‘objet d ‘un autre article)

Et là, message sans appel.  » Cette relation n ‘a plus lieu d ‘être, elle est vouée à la stérilité ».

Autant dire que j ‘étais sur le cul. Et que ça m ‘a foutu un bon coup de poignard dans le coeur , aussi. Venant d’une divinité qui choisit très soigneusement ses mots, qui a été toujours juste et sans fioritures, tu sais que c ‘est une décision qui est sans appel.

Alors quoi. Jouer les amoureuses transie? Sans aucun intérêt, et clairement irrespectueux. Se demander ce qui a merdé? Probablement tout aussi puéril, car cela en viendrait à culpabiliser l ‘un ou l’autre, ou à se dire qu ‘on aurait pu mieux faire, ce qui est, de toute façon , imbécile. Ce qui est fait est fait. On peut tirer des leçons du passé, mais il est très dangereux de le faire lorsqu’ il s’agit d ‘une relation, parce qu ‘on a tendance à ressasser, à vouloir retenir quelque chose qui n ‘est plus et essayer de se modeler pour plaire à l’autre, ce qui encore une fois, est irrespectueux, aussi bien pour soi même que pour l’autre.

Non. L ‘explication la plus simple, c ‘est que ce que je ne suis plus celle que j ‘étais.

Les raisons qui m ‘avaient menées à cette déité, le soutient que j ‘ai reçu, tout cela avait du sens à l’époque. Ça correspondait à ce dont j ‘avais besoin pour grandir. Et est-ce que j ‘en ai toujours besoin aujourd’hui? Probablement plus. J ‘ai évolué, et certains des centres d ‘intérêt que j ‘avais, des peurs, insécurités, perceptions et envies de l’époque ont complètement changés. Même ma personnalité , elle, s ‘est modifiée d ‘une façon drastique.

On parle souvent de « l’appel » des divinités. Mais je ne crois pas avoir souvent vu d ‘articles sur les fins de relation. Tout ce qui a un début à une fin, alors pourquoi est ce que ça n ‘est jamais abordé? Peut être parce que c ‘est jamais très glorieux de dire qu ‘on s ‘est fait jeter, et qu ‘on est jamais très fier d ‘être perdant, et peut être aussi parce que ça nous rappelle pas mal d ‘expériences douloureuses.

En tout cas la peine et l ‘absence sont bien réelles, et j ‘ai l’impression de devoir faire mon deuil comme s’il s ‘agissait d ‘une personne vivante; il me faut récupérer tous les objets de dévotion, les rassembler, et réfléchir au lieu, et aux circonstances qui me permettrons de leur faire mes adieux. Remercier, me rappeler , et puis laisser couler.

Tout un programme.

(je rigole un peu parce que cette chanson s ‘est mise à popper dans ma playlist aléatoire pendant que j’étais en train d ‘écrire…merci bien X))

« Dance upon the stars tonight
Smile and pain will fade away
Words of mine will turn to ash
When you call the last light down

Moon reminds me of your grace
All the love I can’t repay
Rest and know that I will pray
Farewell my dear old friend »

Borislav Slavov, baldur’s gate 3 original soundtrack

Un petit tour d ‘horizon

J ‘ai trouvé quelques petites questions sur le blog d’Aranna (allez y faire un tour, c ‘est vraiment très chouette), et j ‘ai trouvé ça plutôt sympa d ‘y répondre, afin que vous puisiiez avoir un petit aperçu de ma pratique. Parce que c ‘est franchement le bordel sur ce blog, que je me doute que mes lecteurs sporadiques se demandent à qui ils ont affaire , et que parce que c ‘est un moyen assez fun de me remettre à écrire.

Allez, c ‘est parti pour un p’tit tour de asks (ca m’fait penser au bon temps des blogs et forums paiens)

1. Es-tu solitaire ou fais-tu partie d’un coven ?

Clairement solitaire. J ‘ai beaucoup trop voyagé pour que je puisse rester en coven très longtemps. J ‘ai pourtant pratiqué en coven deux fois, la première en france avec le très fameux coven des pizzas (renommé plus sérieusement Innis crainn) avec une bande de chelous toujours dans mon coeur aujourd’hui, et la deuxième fois en irlande de façon un peu plus informelle, chez une druidesse qui laissait son cercle ouvert à qui voulait le rejoindre pour fêter les sabbats/ esbats dans un cadre plus que fantastique, avec geuleton cosmique et veillées après la cérémonie.

2. Te considères-tu comme wiccane, païenne, sorcière ou autre ?

beuh. heuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu

Ouais… disons sorcière? Une meuf qui fait sa tambouille quoi. Un poil bouddhiste vajrayana, aussi. (l’ essentiel de ma pratique ces jours -ci)

3. Quel est ton signe du zodiaque ?

Taureau ascendant sagittaire en astrologie « normale », Bélier ascendant scorpion en astrologie sidérale, Jaguar en signe maya, Barani en signe indien , Yang métal en Ba-zi, tigre de feu en signe chinois, faites le tri, bisous.

4. As-tu une divinité patronne ?

Disons plus un « veilleur ». Un qui reste à distance, qui observe, et qui n’ intervient que très rarement. Une tête de chacal pour qui j ‘ai une affection plus que démesurée.

5. Travailles-tu avec un panthéon ?

nop, aucun en particulier. J ‘ai exploré le panthéon grec, indien, nordique , même aztèque à une époque ou bouddiste… disons que je travaille avec ce qui veut bien travailler avec moi.

6. Utilises-tu le tarot, la chiromancie ou n’importe quel autre méthode de divination ?

Oui, pas mal. Avec une grande préférence pour le Yi King, le Mah Jong et les medecins cards de Jamie Sams et David Carson. Mais comme ça m ‘arrive de paniquer à l’idée de devoir affronter un destin immuable et potentiellement catastrophique, je ne l’utilise que pour mettre de l ‘ordre dans certaines situations , m ‘aiguiller éventuellement quand je suis dans le brouillard et avoir une idée disons… des options dans le multiverse.

7.  Quelles sont quelques unes des plantes que tu préfères utiliser dans ta pratique ?

hhhhhmmmmmmmmmmmmmm

Celles qui me tombent dessus. J ‘ai un grand amour pour le brugmansia, les fougères, l ‘if, le gui, la rose et l ‘achillée. En général ça se fait assez naturellement, une balade, une rencontre, on s ‘entend bien, on se revoit, on conclut , et c ‘est parti pour une relation plus ou moins longue.

Comment définirais-tu ta sorcellerie ?

Tambouille. Et desfois c ‘est dégeulasse, je mélange le sel et le café ou le jus d ‘orange et le camembert. Beaucoup d ‘essais, beaucoup de ratés, même si je tends à m’assagir avec le temps et à moins pratiquer: quand tu comprends que l ‘univers et les autres n ‘ont pas besoin de toi et se débrouillent tout seul et que la plupart des problèmes n ‘ont pas besoin d’être réglés magiquement (ou que ça risque de backfirer méchant, comme ce génie qui t ‘exauce tes voeux, mais jamais comme tu l ‘avais imaginé), hé beh tu y va mollo, tu observe, tu comprends que ça sert a rien de cramer la paillasse ou de réinventer la roue et tu donnes parfois un ptit coup de hanche par ci par là histoire de rendre le chemin -un peu- plus smooth.

9. Accomplis-tu des malédictions ? Si non, acceptes-tu ceux qui le font ?

Certainement pas. (balancer des malédiction). En général ça fini jamais bien. Par contre si vous voulez en lancer bah go, c ‘est votre vie, et c ‘est en cassant des vieux pots qu ‘on fait les meilleures soupes! (comment ça c ‘est pas comme ça qu ‘on dit?)

J ‘avoue que je préfère rester clean au maximum dans ma pratique, dans le sens ou je préfère n ‘impliquer aucune autre personne que moi dans ce que je fais. Ca vaut pour les malédictions, comme pour les bénédictions; je n ‘aime pas agir pour autrui, même sous le prétexte que « ça sera bon pour lui », je ne m ‘estime pas suffisemment sage pour savoir ce qu ‘il lui faut, à cet autrui. Et puis sans dec, on a déjà bien assez de boulot à se gérer soi même, si on s ‘occupe aussi des autres, on est pas sortis de l’auberge.

10. Depuis combien de temps pratiques-tu ?

Premier samhain en …..2012…je crois? Je me rappelle avoir été complètement terrorisée à l’idée de faire une connerie et de me retrouver avec une foule d ‘esprits ou je sais pas quoi sur le dos. Bon, aparemment ça va, je suis encore en vie.

11. As-tu actuellement ou as-tu eu un/des familier(s) ?

Beh…. étant donné que je m ‘entends mieux avec le règne végétal que le règne animal (ça vaut aussi pour les humains) ça fonctionne, des familiers à feuille?

La prochaine étape c ‘est le royaume champignon (pas celui de mario, les fungus , entendons nous) mais celui-ci est tellement plus vaste, plus complexe , et plus alien, que je suis pas encore sure d ‘être prête. Mais un jour, peut être.

M ‘es arrivée d ‘avoir un familier chat noir (rigolez pas, je sais que c ‘est cliché ), aussitôt apparu et disparu , squatteur d ‘appart et doudou absolument fabuleux qui a illuminé ces quelques mois de ma vie alors que j ‘en chiais des ronds de chapeaux à cause du covid long, doudou tu restera à jamais dans mon coeur.

12. Crois-tu au Karma et à la Réincarnation ?

Pour le karma en tant que loi de cause à effet, oui j ‘y crois. Je pense qu ‘on construit notre relation avec l’univers par notre relation à l’autre et à nous même, qu ‘on construit notre « chance » (la fameuse hamingja nordique), que chacune de nos actions entraine la formation d ‘une graine qui germera si les conditions sont réunies, et qui entrainera des situations plus ou moins complexes, merveilleuses ou franchement désagréables.

Quand au fait de savoir si ça s ‘étale sur plusieurs vies… j ‘aurais tendance à dire oui, j ‘ai toujours eu la sensation de payer dans ma jeunesse pour des trucs faits dans d ‘autres vies. Comme si j ‘avais une chance de remettre les compteurs à zéro et de repartir sur des bases saines, mais que j ‘allais franchement en chier durant la première partie de mon existence tant que j ‘aurais pas payé ma dette.

13. As-tu un nom magique ?

Le nom sur ce blog est en fait le nom de famille très légerement modifié de ma grand mère, Aafke heslinga. Un nom qui rappelle un peu l’iglinga saga- il paraîtrait que ces vieux noms frisons remontent à ces vieilles saga nordiques, et en plus je le trouve vraiment très joli.

14. Es-tu sortie du placard à balai ?

Les vrais savent, et en ce qui concerne les moldus, bin non, ils ne savent pas.

15. Quel est le dernier sortilège que tu as accompli ?

Aucune idée. Ca fait beaucoup trop longtemps que je n ‘ai pas designé de sortilège.

16. Est-ce que tu te considères comme quelqu’un d’instruit dans ce domaine ?

Absolument pas. Ma pratique est bordélique et instinctive, fragmentaire et composée de plein de trucs glanés à droite et à gauche et qui font sens dans mon petit monde ; mais je ne suis clairement pas instruite (allez donc voir Lyra ceoltoir et souscrivez à son patréon si vous voulez voir quelqu ‘un d ‘instruit)

17. Écris-tu tes propres sortilèges ?

nop

18. As-tu un Livre des Ombres ? Si oui, comment est-il écrit et/ou composé ?

J’ai un livre… sur lequel je note tout ce qui pourrait être interessant dans ma pratique. Des tirages, des infos sur un dieu/un esprit en particulier, des sensations, parfois des rêves et un petit dictionnaire de symboles.

19. Rends-tu un culte à la nature ?

Je ramasse les ordures quand j ‘en vois pendant mes balades, ça compte? Bon les gars, faut arrêter avec l’opposition nature/culture, c ‘est so années 80, remettez vous au gout du jour et allez lire du phillippe Descola, allez hop hop avant que j’vous donne la fessée.

20. Quel est ton cristal favori ?

J’suis pas trop cristal, en fait. J ‘ai tendance à les saturer hyper vite, ils ne m’aiment pas ( à part la modlavite et l’obsidienne), si j ‘en achète je finis toujours par les enterrer quelque part parce que j ‘ai l ‘impression qu ‘ils ont rien à faire dans ma maison et qu ‘ils auraient pas du être déterrés. Je préfère les cailloux moisis du bord de chemin, les bouts de plante et les morceaux de bois.

21. Utilises-tu des plumes, des griffes, de la fourrure, de la peau, des squelettes/os ou d’autres parties animales dans ta pratique ?

Plumes, oui. Pas mal. J ‘ai une affection toute particulière pour les plumes d ‘oie, et sinon autrement j ‘ai quelques bouts d ‘os chez moi, une machoire de chevreuil (le premier animal que j ‘ai dépecé) et quelques bouts de cornes de renne.

J’ai toujours eu envie de me mettre aussi au nettoyage et à la récupération de cranes d ‘animaux, mais en appart c ‘est chaud, parce que ça pue vraiment beaucoup quand tu les mets à macérer.

Wala!

C’est tout pour aujourd’hui, et à ciao bon dimanche.

Andor ou un chant pour la révolution

Andor fait partie de ces séries qui ne laissent pas indifférents, et qui appartiennent à une franchise dont on n ‘attends plus grand chose: Star Wars (ouais, pardon pour ceux qui viennent ici pour le côté ésotérique, pour les anciens vous savez que parfois sur ce blog ça vire un poil nerd et pop-culture- tout simplement parce que j ‘ai un mal de chien à séparer mes hobby: ma spiritualité est intrinsèquement liée à tout ce qui me nourrit, et ça inclut bien sur, séries et jeux) .

En ces heures ou la France brûle pendant qu ‘elle se noie sous des montagnes d ‘ordures (je suis actuellement à Marseille pour quelques mois, et je peux vous dire qu ‘heureusement qu ‘il ne fait pas encore trop chaud, sinon j’ entendrais Jacquouille me dire « Messire ça puîre! ») , ou l ‘on a de plus en plus envie de balancer des pavés devant un gouvernement de plus en plus corrompu qui persiste à faire la sourde oreille, ou le slogan présidentiel de Léodagan n ‘a jamais autant dans l ‘air du temps (« Tout cramer pour repartir sur des bases saines ») , où tout s ’embrase, on sent la révolution gronder. On espère qu ‘elle ne retombera pas avant d ‘avoir fait tomber quelques têtes. On espère enfin pouvoir mettre la main sur le pouvoir en place et pouvoir reprendre notre vie entre nos mains. On espère que le restant de notre vie ne sera pas qu ‘une suite d ‘années passées à rentrer les épaules et courber la nuque en attendant que ça se passe, en attendant que ça aille mieux. Parce que quelque part tout au fond, on sait que ça n ‘ira pas mieux. On sait que fuir ne fera que retarder l’ échéance, et que le gouffre se rapproche. La question est: veut on une lente agonie avec un abolition progressive de tous nos privilèges, ou est ce qu ‘on veut percer l ‘abcès et redonner du sens à notre vie, même si elle est difficile, et même si le chemin promet d’être sanglant?

Toutes ces questions, la série Andor se les pose. Dans le contexte de pré-formation de la Résistance à l’empire, on suit un jeune héros désabusé vivant sur Ferrix, une planète de type minière peuplée de mécaniciens, ouvriers et réparateurs en tous genre, occupés à commercer avec l’empire, dont l’influence s’étend de plus en plus.

Ce discours, prononcé à la toute fin de la série (attention, c ‘est du GROS SPOIL donc si vous voulez vous matter la série, passez votre chemin!) m’ a retourné les tripes, à un moment ou il résonnait tellement fort avec la situation actuelle. Avec cette torpeur ambiante qui menaçait d ‘exploser d ‘un moment à l ‘autre, avec cette respiration qui ne demandait qu ‘à être prise.

A la révolution.

Traduction française:

« Mon nom est Maarva Carrasi Andor. Je suis honorée de me tenir ainsi devant vous. Je suis honorée d’être une fille de Ferrix, et honorée d ‘être digne de la pierre.

C ‘est étrange, j ‘ai presque l’impression que je peux la voir. J ‘avais 6 ans, la première fois que j ‘ai touché une pierre funéraire. Entendu notre musique, senti notre histoire, pendant que je tenais la main de ma soeur et que nous marchions le long de Fontain Square. Je suis venu un nombre incalculable de fois là où vous vous tenez tous aujourd’hui.

J ‘ai toujours voulu être inspirée. Je me souviens d ‘à chaque fois que les mots des morts m ‘on touché avec leur vérité. Et maintenant que je suis morte, j ‘espère vous inspirer de même. Non pas parce que je veux briller ni qu ‘on se rappelle de moi, mais parce que je veux que vous alliez de l ‘avant. Je veux que Ferrix aille de l’avant. En ces heures où je m’éteins, c ‘est ce qui me réconforte le plus.

Mais j ‘ai peur pour vous. On était endormis. On avait l ‘un l’autre, on avait Ferrix, on avait notre travail, nos journées. On avait l’un l ‘autre et ils nous foutaient la paix. On prenait leur argent et on les ignorait, on s ‘occupait de leurs machines, et au moment ou ils partaient, on les oubliait. Parce qu’on avait l’un l’autre. On avait Ferrix. Mais on était endormi. J ‘étais endormie. Et je me détournais de la réalité que je ne voulais pas voir.

Il y a une blessure qui ne guérira pas au centre de la galaxie. L’obscurité s ‘immisce partout comme la rouille. On la laissé grandir, et maintenant elle est là. Elle est présente et elle ne fait plus que simplement nous rendre visite. Elle veut rester.

L ‘Empire est une maladie qui se nourrit de l’obscurité, il n ‘est jamais autant en vie que lorsque nous dormons. C ‘est facile pour un mort de vous dire de vous battre, peut être même que le fait de se battre est inutile. Peut être même que c ‘est trop tard. Mais je vous dis ceci, si je pouvais le refaire, je me lèverais tôt et je me serais battue contre ces enfoirés depuis le début! Battez vous contre l’Empire! »

Travailler avec Dyonisos

Après l’article un poil court et sibyllin sur Dyonisos, je me suis dite que ça serait pas mal d ‘étendre un peu le sujet. D’y remettre un peu d ‘ordre , et aussi quelques exemples tirés de ma pratique.

C ‘est toujours un poil compliqué de parler de son expérience avec les divinités. Au delà de l’aspect métaphysique du sujet (ça existe ou pas, un dieu?) , c’est également une expérience complètement subjective. Elle n ‘est non reproductible, et dépend totalement du sujet qui l ‘expérimente, à un instant T, dans un espace donné. Elle est formée de liens purement abstraits formés entre des évènements, des sensations, des sentiments, ce qu ‘on appelle vulgairement « intuition »: c’est donc par définition une expérience difficilement explicable rationnellement, et que l’on ne peut soumettre aux exigences de la science sans tomber dans des absurdités; on ne peut donc que simplement raconter , dire notre histoire, en espérant que celle-ci puisse trouver écho chez autrui.

L’expérience Dyonisos est pour moi…intense; c ‘est un dieu que je trouve solaire, extrêmement flamboyant et puissant, doté d ‘une énergie sauvage et d’une gentillesse toute fraternelle. Des premières méditations en sont ressorties éclatement, mouvement, danses, sons , lumière et frénésie, quelque chose de prime abord chaotique, mais porteur d ‘un langage sous-jacent extrêmement structuré, le langage des origines , celui du rythme. Un langage que je connaissais parfaitement étant petite, sans le maitriser, l’ intuition de savoir quel rythme était harmonieux, lequel était brisé, laborieux. Au delà des mots, le rythme en toute chose: le rythme de la respiration, le rythme des journées, le rythme des saisons, le rythme des pas, le rythme de la machine à laver qui tourne; toutes ces choses se superposent les unes aux autres, s ‘entrechoquent, certains prennent le pas sur d’autres, les étouffent, d ‘autres meurent, certains s ‘obstinent ou se transforment.

Et puis tout doucement, j ‘ai perdu le rythme. J ‘ai appris à communiquer tout d ‘abord, à sortir de ma bulle, ou je regardais passer le monde derrière un mur sans tain; j ‘ai voulu me mêler à ceux que j ‘entendais parler. Les mots faisaient passer des informations formelles, des concepts, des données. Assez peu de sentiments. Eux passaient par la musique, par l’intonation ou le débit. L’information qui passait par les mots et celle de l’intuition étaient rarement cordonnés, souvent contradictoires. Et puis un jour, les mots ont pris le pas sur le rythme, leur vérité a écrasé l ‘harmonie naturelle des choses. J ‘ai écrasé mon propre rythme, écrasé mes silences en voulant les combler de mots.

C’est là que Dyonisos est arrivé. Il avait déjà été de passage quelques fois dans le passé, quand je m ‘étais pétée les ligaments croisés en 2017. Une période un poil compliquée, ou je l’avais regardé de loin. Et puis plus récemment, je me suis décidée à l’aborder. Lui ai promis de me mettre à la musique. Ai oublié de m’y mettre. Puis m’y suis remise un peu plus sérieusement plusieurs mois plus tard, ayant complètement oublié ma promesse. Et retour du gonze, en fourrure léopard et thyrse en main. Un tirage sur la mort des illusions en main, un départ de chéri au loin pour un boulot de 7 mois , le retour à la vie en solitaire après trois ans de couple vécu en promiscuité, un réarrangement des priorités , une redécouverte de soi.

Par la redécouverte du rythme, on redécouvre comment reconstruire son espace interne. On apprend comment se poser, écouter, digérer, réfléchir, rester le nez au vent à attendre que ça se passe. Faire tout simplement, chercher le bon rythme, poser ce qui doit être posé au bon moment, taper du pied, faire résonner la terre et les astres. Faire résonner doucement son propre cœur, apprendre à calmer ses angoisses, retrouver de l’énergie, clarifier sa vision. Trancher lorsqu’ il le faut, utiliser la fureur quand il le faut, lorsque la douceur n ‘est pas le rythme adéquat.

Dyonisos n’ est jamais là ou on l’attend. N ‘attendez pas de réponse toute faite, mais plutôt une expérience, ou un miroir. Ou un voyage, une découverte.

Dyonisos, fils du feu, fils des enfers

L’éternel errant, celui qui n ‘appartient à nul part.

Figure du migrant, étranger à tous ainsi qu ‘à lui même, mystère des origines, le trois fois né. Celui qui parti en quête de lui même, qui y trouva folie, violence et beauté, extasie des sens et ouverture de conscience, celui qui dépassa sa condition et sa naissance, celui qui descendit aux enfers et qui en revint, celui qui construisit son identité par l’expérience et la découverte; celui qui connu la souffrance de n’ être nul part chez lui, de n ‘être jamais reconnu, de voir l’idiotie des hommes et la condition des femmes; celui qui nous donna, pour quelques instants, la possibilité de sortir du rôle qu ‘on nous imposa; celui qui reconnu le sauvage en chacun de nous, et la nécessité de l’accepter; Dyonisos l ‘extatique, Dyonisos le furieux, Dyonisos le fou, Dyonisos qui ouvre les portes de l’enfer en nous, pour faire remonter à la surface les démons de nos entrailles, séparés de leur enveloppe originelle par le couteau de la morale: ce qu ‘on s ‘impose, ce qu ‘on renie, ce qu ‘on ne veut pas voir, ce qu ‘on refuse d ‘écouter, coincés dans les îlots de la certitude.

Walden ou la vie sauvage

« Passons une journée de manière aussi réfléchie que la nature, sans permettre à aucune coquille de noix ni à aucune aile de moustique tombant sur la voie de nous faire dérailler. Levons nous de bonne heure et restons à jeun, où bien rompons le jeune, doucement et sans agitation; que les visiteurs arrivent et repartent, que les cloches sonnent et que les enfants crient- en restant bien décidés à fêter cette journée. Pourquoi devrions nous succomber et nous laisser emporter par le courant? Ne nous laissons pas bouleverser et submerger par cet affreux vertige tourbillonnant qu ‘on appelle un dîner, et situé sur les hauts- fonds du jour. Affrontez le danger et vous voici sain et sauf, car le restant du chemin descend la pente. Les muscles bandés de vigueur matinale, passez au large en regardant ailleurs, attaché au mât comme Ulysse. Si la locomotive siffle, et bien, qu ‘elle siffle jusqu ‘à en être aphone.
Si la cloche sonne, pourquoi courir? Nous allons réfléchir à la nature de cette musique. Fixons nous un objectif et enfonçons ardemment le coin de nos pieds dans la boue et la vase de l ‘opinion, les préjugés et la tradition, l’illusion et l ‘apparence, tous ces alluvions qui recouvrent le globe, de Paris à Londres, de New York à Boston et Concord, dans les églises et les états, la poésie, la philosophie et la religion jusqu ‘à ce que nous touchions un sol dur appelé Réalité, en disant : ceci, sans erreur possible, est, ensuite commencer , en ayant un point d ‘appui, en dessous de la crue, du gel et du feu, et occuper un endroit idéal pour fonder un mur ou un Etat, ou pour y dresser sûrement un lampadaire, ou peut être installer une jauge, pas un Nilomètre, mais un Réalomètre, afin que les siècles futurs sachent à quelle hauteur les crues d ‘impostures et d ‘apparence sont parfois montées.
Quand on se tient debout et bien droit, face à face avec un fait, on voit le soleil briller sur ses deux surfaces, comme si ce fait était un cimeterre, et l ‘on sent son doux tranchant couper en deux votre cœur et votre moelle, et ainsi apporter une conclusion heureuse à votre carrière mortelle.
Dans la vie comme dans la mort, nous aspirons seulement à la réalité. Si nous sommes bel et bien à l’agonie, écoutons le râle dans notre gorge et sentons le froid dans nos extrémités; mais si nous sommes vivants, vaquons à nos occupations. »

Walden ou la vie dans les bois, Henri D Thoreau.

Art fait avec le logiciel MidJourney

Macrocosme et microcosme

Je suivais l ‘autre jour un cours en ligne de la formation d ‘herboristerie familiale avec l ‘Hermine et l’ajonc sur le thème des … plantes sorcières. Et au détour d’une conversation sur les fameuses solanacées (vous savez, cette bande de joyeuses luronnes qu ‘on retrouve notamment dans les onguents de vols , j ‘ai nommé la belladone, la jusquiame et la mandragore) , on en vient à parler de théorie des signatures et de symbolisme des plantes.

Quesssséquoi la théorie des signatures?

A l ‘époque, les herboristes n ‘avaient pas accès à du matos de pointe pour analyser les plantes, en extraire les principes actifs et en déduire leurs propriétés . Ils ont donc mis en place une grille de lecture symbolique des plantes qui faisait correspondre son aspect extérieur et ses propriétés : en analysant sa forme et sa couleur, on pouvait donc par tout un jeu de correspondance en déduire l’effet qu ‘elle allait provoquer.

Par exemple, la ficaire, dont les racines forment des petits bulbes, est connue pour soigner les hémorroïdes; le géranium herbe à robert, avec l ‘extrémité de ses tiges rouge sang, est un très bon tonique circulatoire; les noix ressemblent à des cerveaux, il est donc acté qu ‘elles contribuent à la bonne santé de nos neurones; les fenouils sont de forme sporadiques, ils sont donc redondants. Bref. Vous avez compris le principe.

L ‘avantage de cette méthode, c ‘est qu ‘elle ne nécessite aucun outillage de pointe; si vous n’ avez pas chez vous la possibilité de faire des tests en double aveugle sur 10000 personnes ni du matériel d ‘analyse phytochimique dernier cri dans votre cave, vous devez vous rabattre sur des méthodes plus rapides et moins couteuses pour comprendre la nature autour de vous: vous pouvez soit:

-discuter directement avec l’esprit de la plante qui vous instruira sur sa nature et son utilisation, mais là bon courage, c’est pas encore une option au bac et je ne saurais vous conseiller l ‘usage de psychotropes pour tenter d ‘accéder à ce genre d’informations. (même si j’me dis qu ‘avec Corine Sombrun et sa transe cognitive auto-induite, on est pas si loin de démocratiser ce genre de pratiques)

-si vous n ‘êtes pas forcément chaman, il vaut mieux se reposer sur un outil plus cohérent, qui ne nécessite qu ‘un peu de bon sens et surtout beaucoup d ‘observation: avec un bon esprit de déduction, on peut comprendre certaines choses sur une plante de par son aspect; ou en tout cas s ‘en servir pour moyen mnémotechnique pour se rappeler son utilisation (soyez un sherlock des plantes: observez, recoupez avec vos connaissances, puis déduisez.)

Les inconvénients de cette méthode, c ‘est que tout peut être sujet à interprétations: l ‘interprétation que l’on fait d ‘un symbole (la couleur rouge, par exemple) dépend bien souvent d ‘un contexte socio-culturel, et dépend donc d ‘un individu à l’autre;et même s ‘il existe des interprétations relativement universelles, on est jamais à l ‘abri d ‘un contresens fatal. Les baies de la belladone sont superbes, lisses et noires, sucrées au gout, et pourtant l’ ingestion de 5a 10 baies peut vous mettre un adulte par terre.

Malgré tout, la théorie des signatures est loin d ‘être inintéressante; elle a permis de tresser un réseau de symboles entre la nature d ‘une plante et son utilité, non pas en tant qu’objet unique et séparé de son contexte, mais en tant que liant entre la partie et le tout: sa forme, sa couleur, son odeur, sa texture nous donnent des clefs de compréhension sur le fonctionnement de notre propre corps et sur le lien avec notre environnement , tout comme ces contes qui nous chantent la création de l’univers par le sacrifice d ‘un géant dont les os deviennent des montagnes ou la création de l ‘homme à partir d ‘un plan de manioc, la théorie des signatures nous rappelle que tout est lié, et que penser l ‘humain hors de son contexte est une erreur majeure. Tout se répond , tout chante, et tout peut délivrer un message, pour peut que l ‘on sache écouter.

C’est un reproche que je ferais à beaucoup de pratiques new age, que je trouve trop autocentrées, trop détachées de leur contexte et trop centrées sur l ‘unique regard intérieur en tant que solution à tous les problèmes: il nous faut garder un équilibre entre le microcosme (le Soi, l’introspection, l ‘étoile à 5 branche que l ‘on retrouve dans les fleurs des solanacées) , et le macrocosme(l’ouverture à l’univers, le lien au Tout, l ‘étoile à 6 branches du sceau de Salomon), sous peine de finir soit déséquilibré et éparpillé à l’extérieur, sans racines, ou bien nombriliste et persuadé que tout peut se résoudre à coup de travail sur soi et de visualisations, et de penser que tout ce qui se passe à l’extérieur est du à notre état interne; non, il y a certaines choses qui ne dépendent pas de nous, et oui, on peut agir sur le monde pour changer ce qui nous emmerde plutôt que de méditer sur la question. (pardon, petit moment coup de gueule)

Ci dessous, des photos de mes chéries du moment. La première rencontrée pendant une balade dans les montagnes autour de mon nouveau chez moi, une plante au contact très apaisant, purifiant et remontant (attention, seul le rhizome est utilisé en herboristerie. Les baies sont toxiques, renseignez vous bien sur son usage) , et la deuxième poussant dans des fissures de béton à deux pas de chez moi, c ‘est un peu une plante hobo, elle aime les endroits un peu crados, désaffectés et pas forcément très accueillants au premier abord. (là aussi, faites attention. La morelle contient des alcaloïdes toxiques, je vous déconseille son utilisation thérapeutique.On ne déconne pas avec les solanacées, sauf si vous voulez nager sur du béton avec un camembert qui vous pousse sur la main. True story de ma belle mère qui a du aller chercher deux intoxiqués à la Datura qui nageaient sur le parvis de la gare)

Polygonatum odoratum, le nom latin du sceau de salomon, et sa fleur en étoile à 6 branches.

Solanum nigrum, ou la Morelle noire et sa fleur en étoile à 6 branches.

Oh, et j’vais vous filer un ptit tip au sujet des onguents de vol pour frimer lors de vos réunions paiennes: je n ‘ai pas testé moi même, mais apparemment les alcaloïdes responsables des états de transe contenus dans beaucoup de solanacées ne se dissolvent pas dans le gras, ou très mal. Donc si vous faites cuire de la racine de mandragore dans du gras de boeuf, y ‘a très peu de chances pour que ça aie l ‘effet escompté. Les alcaloïdes se dissolvent très bien dans du …vinaigre (on peut imaginer que des sorcières se faisaient des cataplasmes de feuilles trempées dans du vinaigre), ou sinon, ça pourrait marcher avec un macérat avec intermédiaire alcoolique.

La encore, on va pas faire de la sorcellerie de comptoir, hein. Les dosages devaient être extrêmement bien gérés, sinon y ‘avait de fortes chances pour qu ‘on ne se réveille pas. Sachant que la teneur en principes actifs dépend d ‘une plante à l’autre, de la partie de la plante et du moment où l’on la récolte, bon courage pour gérer votre mélange.

Bon, sur ce ; à la prochaine, si j ‘ai la motiv je vous ferais peut être un article sur la mandragore!

Dans les bras de la nuit

J ‘aime les blogs, en fait. Ca me rappelle mes débuts dans le paganisme, les débuts d’ internet. Les skyblog, ces journaux intimes déversés sans censure dans la grande gueule d ‘internet, à l’époque où son foisonnement était encore original. Il n’ y avait aucun tri de qualité, de quantité, chacun pouvait y imprimer un petit bout de lui même; ouvrir une fenêtre sur sa chambre d ‘ado (mentale) , ce foutoir frais et dissonant d’ idées et de sentiments bruts.

On a un peu perdu ça, et c ‘est dommage; la structure en grandissant s ‘est rendu compte qu’il y avait de la thunasse à se faire et que pour ça il lui fallait calibrer le contenu pour plaire, voir même modeler les esprits pour qu ‘ils en viennent à aimer un certain type de contenu.

Mais vu que je suis une vieille mamie réfractaire (hé! je glisse petit à petit vers mes 40 ans! ça commence à rouiller) , je continue à poster sur blog, car j ‘aime profondément leur côté posé et confortable, comme une bonne vieille paire de pantoufles. Le blog est absolument parfait pour parler de spiritualité;il y a dans ce médium quelque chose de spontané, et en même temps de caché, c’est une création qui prend racine dans l ‘intimité, quelque chose qui hésite à émerger en plein jour, sous les feux des projecteurs de youtube, qui est devenu beaucoup plus professionnel et donc plus lisse.

Et c ‘est dans l’ ombre qu ‘émergent les idées, comme des graines protégées par l’ obscurité de la terre, qui se nourrissent de l’ humidité et des nutriments, bien au frais dans leur cocon nourricier. Il leur faut du temps pour se nourrir, pour se développer et s ‘enraciner, avant de paraître au grand jour. Que fais tu de tes idées, si belles soient elles, si elles n ‘ont ni odeur ni consistance, car dénuées de racines? Si la course à la productivité et l’ éclat de toutes les autres créations d ‘internet t ’empêchent de t’enfermer confortablement dans ta grotte, et d ‘étreindre l ‘obscurité et la nuit réconfortante et génératrice de vie?

Vie, mort. Laisser mourir une partie de soi pour qu ‘elle se décompose et devienne de l’ humus nourricier.

Il est des phases, dans la vie, où la poursuite d ‘une chimère ou d ‘un trophée trop brillant nous amène à nous déplacer sans racines. Où l ‘on se dessèche à la lumière du soleil, où, tel le dragon, on est prit de la maladie de l ‘or et où l ‘on amasse les babioles scintillantes dont l’éclat nous aveugle, et que l’égo garde furieusement. Et pendant ce temps, l ‘être crie. Il crie de n ‘être pas assez nourrit, il crie car il veut être entendu, il crie car au lieu de pâle copie il recherche le Souffle vital, l’air qui insuffle l’ esprit et le mouvement créateur. L ‘air crisse et balaye les feuilles mortes , fait craquer les branches et fait s ‘envoler les murs de paille de l’égo. Et parfois, dans un Satori, on perçoit l ‘Esprit. Et l ‘on perçoit le décalage entre l’Etre et l ‘Ego, entre les besoins véritables et les envies. Et là, les murs s ‘effondrent. Tu te prends dans la gueule tes désirs illusoires , comme une envie de t ‘anéantir toi même, de te couper la tête, de t’abandonner aux quatre vents pour laisser ton égo se faire dévorer par les dakinis.

Ces petites morts arrivent en même temps qu ‘une métamorphose, comme si la peau actuelle, trop petite, devait se déchirer pour en faire sortir la prochaine mue, comme si l’Esprit, trop à l ‘étroit, faisait voler en éclats sa prison pour gouter à l ‘air du vent.

Image: manu arenas

Inari, dieu/déesse aux mille visages

Statue du sanctuaire shinto fushimi Inari, Kyoto

Travailler avec Inari a été pour moi l’occasion de travailler sur les masques: masques sociaux, apparence, ainsi que sur des choses plus profondes: animal-ombres, illusions de l’égo, toutes ces couches que l’on accumule année après année, pour se protéger, pour construire une personnalité, pour s ‘adapter au monde dans lequel on vit.

La question du masque est une question qui m ‘a suivit tout au long de mes peregrinations (cqfd, le titre de ce blog!) . Ou comment concilier le vécu interne, cette lumière profonde, avec une vie sociale épanouie.

Il est facile de verser d’un côté ou de l’autre; on peut choisir l ‘intégrité, la vérité intérieure, et la vivre de manière très brute, même si ça veut dire confronter son vécu, ses sensations et ses besoins en permanence avec le monde qui nous entoure; c ‘est une position parfois très conflictuelle, qui peut mettre l ‘autre en contact direct avec des parties très sombres, très brutales de notre être: la rage, la colère, le désespoir, une certaine force intérieure et une joie d ‘être soit même.

(c’est d’ailleurs le propos d ‘alerte rouge, le dernier Pixar. Ou comment laisser vivre la bête en soi !)

Ou on peut choisir d ‘éviter le conflit, de privilégier la cohésion sociale et le vécu en groupe: prendre sur soi, arrondir les angles, privilégier le partage, la communication, la compréhension de l ‘autre et le respect de ses opinions.

Ou on peut choisir un juste milieu, adaptable aux circonstances.

Inari est à l ‘origine une divinité très ancienne issue du shintoisme et du culte des esprits, parfois représenté comme un vieil homme juché sur un sac de riz et entouré de deux renards blancs (les renards blancs aux oreilles rouges sont les animaux destinés à Inari) , parfois sous la forme d ‘une femme, personnalisation du kami femelle du riz, il est également dit qu ‘Il/elle peut prendre la forme d’un renard, et c ‘est comme ça que je me le/la représente.

Associé à la fertilité, Inari est aussi la protectrice-protecteur des femmes, notamment les femmes exerçant des activités marginales ou étant laissées pour comptes, les actrices, prostituées et femmes infertiles. Et gare à ceux/celles qui s ‘attaqueraient à ses protégées. On lui associe également d ‘autres domaines , tels que l’industrie ( les artisans hein, pas la grosse industrie de masse liée au libéralisme.), la forge ou encore …le thé

Divinité multiface, il me faudra encore beaucoup de temps pour la découvrir et travailler sur moi même. Dans un temps ou les informations sont brouillées, ou l ‘on a du mal à séparer le vrai du faux , il est toujours bon de se tourner de temps en temps vers l ‘intérieur et de faire le tri. Et ensuite de décider quel visage montrer au monde qui nous entoure.

Allez. Je vous laisse avec une petite image du suuuuperbe jeu ghost of tsushima , en attendant peut être de revenir un jour avec des articles utiles ou des ptites créations de sorcière en fimo, une fois que j’ aurais récupéré mon appareil photo!